Pages

31 mai 2013

Eternal life is super fun

Laisse-moi te parler de mon amour pour The Book of Mormon.
(Je précise direct que je parle bien de la comédie musicale, pas du livre.)(On sait jamais.)(Je n'ai pas eu d'épiphanie spirituelle récemment, je l'avoue.)(À part que j'offrirais volontiers mon âme à Dean, Liam, Crowley, Lucifer ou Elder McKinley s'ils me la demandaient mais là n'est pas le sujet.)
Y a des spoilers mais de toute façon, tu vas pas me croire. Et en plus, si tu vas la voir sans moi, je te tue. (Je regarde Hannibal maintenant, je suis passée pro en meurtre.)

C’est l’histoire de deux jeunes mormons (Elder Price et Elder Cunningham) fraîchement émoulus de leur camp d’entraînement dans l’Utah, envoyés en mission en Ouganda. Partis avec plein d’idéaux et de motivation, ils réalisent rapidement et par le biais de quelques expériences pas extrêmement sympathiques que les villageois qui les accueillent ont légèrement d’autres problèmes que de se convertir, là, tout de suite. En cadeau, un petit aperçu. Tu as le droit de passer mais c'est dommage.
Hello (C'est pas moi qui te dis bonjour, c'est le titre.)

Les comédiens sont fantastiques.
Ce n’est pas tout le monde qui peut être crédible en jeune mormon idéaliste affirmant à un impitoyable et terrifiant général ougandais : « I believe that in 1978, God changed his mind about black people » avant de se faire enfoncer son Livre de Mormon à un endroit que la décence m’interdit de citer. (J'ai peut-être oublié de préciser que les créateurs de South Park en sont à l'origine. Maintenant, tu sais.) Je ne te parle même pas de la voix de Elder Price sur la dernière note de "I Believe", des frissons que me collent "Sal Tlay Ka Siti" ou de Elder Cunningham qui se prend pour Bono. Et Elder McKinley mériterait une lettre d'amour à lui tout seul.


 (Elder McKinley qui n'a aucun problème à résoudre avec sa sexualité. Aucun.)

Je me suis marrée pendant deux heures (hormis deux ou trois petits moments moins rigolos quand même).
Alors, oui, bon, c'est vrai, ce n'est pas toujours de l'humour qui vole très haut (South Park, tout ça). Mais il faut bien le dire, ils peuvent se le permettre parce qu'à côté des blagues un peu potaches, il y a une vraie profondeur à toute cette histoire. Et oui, elles m'ont fait mourir de rire quand même. Je me rappelle d'ailleurs très bien des fous rires que j'ai piqués les premières fois que j'ai écouté les musiques en ne comprenant pas du tout ce qui se passait mais sérieusement, il a bien dit ce que je crois qu'il a dit ? (Dans 98 % des cas, la réponse était oui. Le reste du temps, c'était encore pire que ce que je croyais avoir entendu.)

Une vision saine et réaliste de l'Afrique
Les musiques sont parfaites.
Certes, je peux être bon public, surtout quand il s'agit de comédies musicales, mais j'ai quand même passé énormément de temps à écouter celle-ci. Je ne compte plus les soirées passées (attention, c'est la page j'ai trop une vie de fou, tu ne devineras jamais ce que je fais le samedi soir) à entonner de toute ma conviction d'athée "I Believe" à mon plafond, à inventer des chorégraphies (non, tu peux pas voir) sur "Tomorrow is a Latter Day" et à essayer de convaincre Bob de me faire son coming-out à coup de "Turn It Off". Qui plus est, maintenant que je sais exactement de quoi elle parle (le contexte, c'est merveilleux), je suis en mesure d'affirmer que "Sal Tlay Ka Siti" est une des plus belles chansons que je connaisse, sous ses airs badins.


I Believe - Andrew Rannels (ou comment je suis tombée amoureuse d'une comédie musicale.)

Le spectacle tout entier a été conçu sous l’influence de quelque substance illicite.
Les chorégraphies sont magnifiquement ridicules, la mise en scène est magique et je ne te parle même pas des guest stars surprises (spoiler alert : à un moment, il y a Dark Vador.)(Oui, oui.) Je ne sais pas par où commencer. Entre la vision de l'Afrique des petits mormons qui n'ont jamais quitté l'Utah, au rideau qui se lève sur un Ouganda traversé par un bonhomme qui traîne une carcasse d'âne, parce que pourquoi pas, à l'intervention de divers personnages de fictions dans l'imaginaire d'Elder Cunningham en passant par le rêve infernal mormonique d'Elder Price où se croisent Gengis Khan et des gobelets Starbucks, ils sont tous déchirés. TOUS.

Bonjour, nous sommes une comédie musicale sur les mormons.
Mais surtout, c’est brillant.
Derrière la déconnade et l’absolument politiquement incorrect, il y a un vrai message très joliment développé. Outre la réalisation un peu violente d'Elder Price qui découvre que : "L'Afrique, c'est pas du tout comme dans Le Roi lion !", tout le monde a un peu son lot d'épiphanies. Elder Cunninghm réalise qu'il n'est pas obligé de toujours suivre mais qu'il peut aussi être un leader, Elder Price comprend que ce n'est peut-être pas lui le héros de cette histoire, Nabulungi découvre que le paradis qu'elle recherchait n'est pas là où elle le croyait, les missionnaires prennent conscience qu'il y a plus important qu'un nombre de baptêmes en bas d'un rapport au président de la mission, etc. Et là où on pourrait voir d'abord de l'antireligieusisme (antireligionisme ?) primaire, le spectacle a été qualifié de "lettre d'amour d'un athée à la religion" et ça le définit assez bien. (Quitte à utiliser des qualificatifs en "anti", il est carrément plus antiaméricain qu'antireligieux.) Toute l'histoire repose en fait sur l'idée que, une fois sortie des principes et paraboles rigides et archaïques, quand elle prend la peine de s'adapter à chacun et que chacun se l'approprie, c'est là que la religion peut vraiment sauver des vies.
(T'as vu, y a un message et tout.)

Plus on est de fous, plus on peut sortir la choré qui tue.

Aucun commentaire: